Atelier d'écriture 2 Personnage

Consignes: Après avoir fait une fiche sur votre personnage (âge, métier, famille, passion, faiblesse), écrivez le monologue qu'il prononce une fois mort. Ce peut être un ressassement d'un épisode de sa vie, un récit de sa mort, ou sa biographie...

3/12/20232 min read

Monologue du personnage mort

Tu sais Tatie, que de toute façon ça me semblait mal barré avec le Jérôme. Juste avant l’explosion il

venait de parler de famille , alors qu’on se connaissait à peine ! Je suis sûre que j’aurais été une mère

déplorable, j’aurais laissé tomber mon bébé, oublié de le nourrir, ou un truc du genre !

Et puis, ça m’aurait demandé tant et tant d’efforts pour devenir une mère de famille respectable!

Déjà, apprendre l’heure, moi qui suis incapable d’être ponctuelle (par parenthèse, ici c’est cool le temps

n’existe pas) . Et puis, porter un enfant dans mon corps, est-ce qu’on apprend ces choses-là ? Pas moi en

tous cas ! Alors j’ai vécu ma vie en restant enfant, sans avoir jamais eu le courage de changer...

C’est pourquoi, quand la bombonne de gaz a explosé dans la cuisine de la brasserie où nous étions,

lorsque j’ai vu mon corps déchiqueté sous les décombres et moi qui flottais au dessus de la panique

générale, j’ai tout de suite compris que j’étais morte. J’avais lu tellement de bouquins sur ce sujet !

Je me suis dit, tiens voilà, cette vie d’enfant s’arrête là, et puis voilà !

J’aurais bien aimé que Jérôme meure lui aussi, on aurait sans doute mieux rigolé ici que dans son

scénic !!!

A bientôt tatie...

Jeanne Djoumpey

Victor Ebats (1980 - 2023)

Et voilà, c'est fini !

Je le sentais pas ce voyage en Papouasie.

Quelle fin atroce !

Mordu par un horrible serpent, j'ai déambulé des heures en forêt - en plein délire sous l'effet de

son venin - et j'ai fini par crever en plein cagnard. Seul. Comme un con.

Et maintenant, je pourris ici. Dans le caveau familial.

Ma femme savait que j'voulais pas y être enterré.

Je me demande si elle a pas fait exprès de me coller avec ma mère !

Je la déteste. Pas ma femme. Ma mère.

Ah ! Ça y est, elle arrive. Je reconnais ses pas.

Elle vient tous les jours.

Parfois, elle me parle. Souvent, elle pleure.

J'aime sa voix. J'aime ses larmes.

Sandrine. Ma première maîtresse.

Si j'avais su... c'est elle que j'aurais épousé... !

Je m'serais peut-être pas barré !

Isabel